Les Rocheraud
A trois kilomètres du bourg de Roullet, à peu de distance de la route de Mouthiers, se dressait, au sommet d’une éminence d’où vue embrasse un immense panorama, un vieux pan de mur, d’aspect bizarre, plus large au sommet qu’à la base, et qui malgré cette particularité, semblait défier les efforts du temps : on l’appelait dans le pays le Château-Rompu. C’était tout ce qui avait survécu du château de Rocheraud. Le château de Rocheraud était une des quatre Roches de l’Angoumois, avec La Rochefoucauld, La Rochebeaucourt et la Rochandry et qui en était une des plus belles seigneuries. Le château primitif a été construit au IXe siècle. Bien que peu d’archives le mentionnent, il a dû jouer un rôle important lors de la guerre de Cent Ans, comme son voisin de la Rochandry, alors en Saintonge et aux Anglais. Il fut très probablement ruiné pendant les guerres de Cent ans. Il appartenait au seizième siècle à famille de Corlieu. Le 20 février 1695, Couprie prend à titre de ferme, la métairie appelée de Roumainville, autrement de Rocheraud, dans et joignant les masures du vieux château de Rocheraud… consistant en maison, grange, four, colombier, puits…
Michon écrivait en 1844 « … le château s’élève sur deux mottes naturelles exhaussées de main d’homme, séparées l’une de l’autre par une large douve. Il est probable que l’on ne pouvait parvenir au château principal qu’après avoir traversé la tour carrée qui occupait la motte la moins considérable ». En 1954, Gaborit a pu faire une description du donjon identique à celle que l’abbé Michon avait réalisée plus d’un siècle auparavant, seule la tour carrée n’existait plus. Lorsque paraît l’ouvrage d’André Chatelain en 1973, « Donjons romans des Pays d’Ouest », les ruines de Rocheraud n’existent plus ! A la fin de l’année précédente, en effet, le propriétaire des lieux a décidé de construire à l’emplacement du donjon médiéval. Chatelain indique en conclusion de sa notice rédigée quelques mois avant cet acte irresponsable « … sa ruine ne fait l’objet d’aucune protection ; son accès est libre… ». Sa destruction aussi ! La motte circulaire était entourée d’un fossé bien apparent, en partie creusé dans le roc. Au sommet de cette motte subsistait un pan de mur épais de deux mètres et long de plus de sept mètres et qui atteignait environ dix mètres de hauteur. C’était tout ce qu’il restait d’une tour quadrangulaire qui devait avoir dix mètres de côté et était munie de contreforts plats. Une petite fenêtre romane étroite restait encore au sud des vestiges et deux autres ouvertures se devinent sur les anciennes photos. L’embrasure de la fenêtre romaine conservait des traces de peinture rouge en forme de carrés. La base d’une tour plus récente, subsistait également en bordure du fossé.
Le château de Roullet
Reste du donjon du château de Roullet du XIIème siècle. André Chatelain écrivait en 1973 “Le château de Roullet a disparu à l’exception de la base de son donjon du XIIème siècle qui était une tour carrée sans contreforts. Il faut aller la trouver au fond de la cour d’une auberge à laquelle elle sert de cave à vin … Elle mesure extérieurement 10,10 m sur 9,20 m… Ses murs épais de 1,60 m à 1,70 m sont encore d’une hauteur d’une douzaine de mètres sur les quatre côtés : leur parement est en belle pierre calcaire d’assez grande dimension. La tour comporte un rez-de-chaussée et un étage voûté en berceau brisé Nord Sud avec une embrasure à chaque bout ; à l’étage, une ouverture dans le mur ouest pourrait avoir été la porte d’entrée. Un escalier droit plaqué le long du mur ouest et perçant la voûte du rez-de-chaussée donne accès au premier étage. De ce niveau part, dans l’angle Sud-Ouest, un escalier en vis très étroit permettant d’accéder à la terrasse aménagée à une époque récente à la place du deuxième étage…”. Ces restes se sont effondrés, il y a une dizaine d’années et aujourd’hui, seul un pan de mur, visible depuis le cimetière, subsiste et domine encore par son élévation les bâtisses qui lui sont accolées.