L’un des attraits majeurs de Roullet-Saint-Estèphe est la possibilité d’effectuer dans la campagne environnante de belles promenades qui détendent et reposent. Aux détours des chemins, vous pourrez admirer de beaux manoirs ou logis qui sont chargés d’histoire.
Logis du Berguille
En juillet 1612, Pierre Benoist est qualifié de sieur de Berguille. En 1689, Pierre Desbordes, écuyer sieur de Berguille, demeure au lieu noble de Berguille. Cette famille Desbordes est toujours en possession de Berguille, en 1745, lors de l’établissement d’un état des lieux par le notaire Boisteaud. Depuis 1756, Jean Rabotaud, laboureur et fermier du lieu, y est installé. Un bail judiciaire du 24 mai 1776, attribue la ferme à Jean Blanchard qui fait alors faire nouvel état des lieux. Deux cours séparent les bâtiments. Le logis comprend un vestibule, une cuisine, un salon, un deuxième vestibule, une salle, un escalier en pierre de taille pour monter à l’étage et deux chambres « basses » au rez-de-chaussée. Au-dessous une cave est accessible par un escalier en pierre. L’étage possède une chambre au-dessus du salon communiquant au bout à un petit pavillon, une chambre au-dessus de la salle, un autre pavillon et des greniers. L’ensemble des bâtiments se répartit autour de deux corps rectangulaires. Le corps de logis en assure la séparation. Un premier porche, avec grande et petite porte, couvertes en anse de panier, permet d’accéder dans la première cour. La clé de la porte cochère arbore la date de 1727. Un second porche, identique mais non daté, permet d’accéder dans la seconde cour. A l’Est s’élève un pigeonnier carré couvert en pyramide. Le corps de logis, bâtiment rectangulaire à trois niveaux, a sa principale façade au Sud. Elle est percée de baies sans décoration, réparties inégalement. La porte, à pilastres nus, est surmontée d’un entablement droit mouluré. La couverture, à deux faibles pentes, vient s’ancrer sur les deux murs pignon débordants, couverts d’une grosse moulure.
De petits pavillons carrés flanquent les angles Sud-Ouest et Nord-est. Ils sont couverts de toits à pans très aplatis s’appuyant sur une corniche moulurée. Celui au Sud-Est dans la cour, repose sur une base cubique. Un ressaut mouluré élargit le pavillon en le mettant légèrement en encorbellement, à mi-hauteur du rez-de-chaussée. Celui au Nord-Ouest, côté extérieur, possède une base prismatique élevée à contre fruit. Un même ressaut, au-dessus de cette base supporte le reste de l’élévation. Une petite ouverture chanfreinée s’ouvre au Sud. Le bâtiment élevé au Sud de la cour, renferme une partie des communs. Il est couvert d’une toiture à faible pente avec croupes. Cinq petites baies rectangulaires, à chambranle chanfreiné, éclairent l’étage. Une seule conserve son haut fronton pignon triangulaire orné de trois acrotères en boule. Le rez-de-chaussée a gardé une porte en anse de panier et la trace de deux autres. Le bâtiment à l’Ouest, assurant la jonction entre cette partie des communs et le corps de logis, sert aujourd’hui d’habitation. Une petite cave voûtée existe au milieu de cette construction. Au-dessus, deux niveaux forment l’élévation. De nombreux remaniements dans les ouvertures ont modifié l’allure de cette façade qui conserve cependant à l’étage des baies rectangulaires chanfreinées et au rez-de-chaussée, une porte à linteau droit. L’ensemble des bâtiments, bien entretenu est digne d’intérêt. Au cours d’une séance de la Société Archéologique et Historique de la Charente, en 1880, Lièvre signale la découverte à proximité d’un cimetière mérovingien.
Les Bertonnières
Au XVIIème siècle, la terre des Bertonnières, ou Bretonnières, est possédée par la famille Thomas. En 1655, Jean Thomas, écuyer, sieur des Bretonnières, est conseiller du roi, garde des sceaux en la chaussée et siège présidial d’Angoumois. Il épouse en 1659 une demoiselle Louise Ferrand. En 1670, il doit payer 640 livres de taxe pour se maintenir dans la noblesse. Son frère, Jean Thomas également, sieur des Bretonnières, prêtre curé de Saint-André d’Angoulême, figure parmi les bienfaiteurs de l’Hôtel Dieu pour des dons de 433 puis de 615 livres. En 1685, Anne Thomas épouse François de La Rochefoucauld Maumont, faisant ainsi passer les lieux à cette famille. Par sentence du Présidial d’Angoumois, du 1er juillet 1763, Nicollas Labouret, receveur des fermes du roi à Angoulême, acquiert les Bretonnières des mains de François Victorin de La Rochefoucauld de Magnac. Il en fait dresser l’état par le notaire Jeheu. Dans ce procès-verbal, nous retrouvons toutes les dispositions des bâtiments, aujourd’hui conservés. Au XIXème siècle, le domaine est acquis par la famille Bouillon dont descendent les actuels propriétaires. Le corps de logis composé de deux ailes en retour d’équerre a été reconstruit au XVIIIème siècle. Il est souligné au Nord-Est d’une terrasse bordée d’une balustrade à laquelle on accède par un bel escalier de pierre. L’aile côté Ouest est édifiée au-dessus d’une cave voûtée en tiers-point éclairée par d’étroites ouvertures verticales. Un escalier de pierre mettait autrefois en communication logis et cave. L’aile, côté Sud, est percée de deux niveaux de baies couvertes en arc segmentaire. La porte est simple à entablement droit. Un portail crénelé, au Nord-Est, permet d’accéder dans la cour au-devant du logis. Il est cantonné à l’Ouest d’une tour couverte en poivrière. Une tour identique flanque l‘angle à l’Est de l’enceinte. Trois autres tours, découronnées, s’élèvent aux angles des murs clôturant le jardin au Sud-Ouest du logis. Une dernière tour (sixième), au Sud, a complètement disparu. Un bâtiment de servitude s’élève à l’Ouest du portail. Sa façade sur cour est percée d’ouvertures à chambranles chanfreinés, baies quadrangulaires à l’étage, grande porte en arc surbaissé au rez-de-chaussée. Un portail, également en arc surbaissé, surmonté d’un parapet sur mâchicoulis, clôt la cour à l’Ouest, entre le logis et les servitudes. Un pavillon carré, sous couverture pyramidale, flanque l’angle ouest du corps de logis. Un second, servant de colombier, s’élève à l’Est en bordure du mur d’enceinte et surplombe de sa haute silhouette d’anciennes carrières d’où a certainement été extraite la pierre de construction de l’édifice. Une bretèche, côté Ouest, protège une porte d’entrée en plein cintre donnant dans le corps de logis.
Les Bergerons
Au début du XVIIIème siècle, Les Bergerons appartiennent à la famille Rullier de Boisnier. Après le décès de Pierre Rullier, sieur de Boisnier, un inventaire de ses meubles est fait le 13 juin 1725. Le logis est composé d’une salle suivie de deux chambres et de deux cabinets, une cuisine avec un cabinet, ainsi que d’une chambre à l’étage. Parmi les dépendances figure un colombier. En1785, François Rullier, seigneur des Bergerons, des Deux Puits et de Barbe Blanche, demeure au logis des Bergerons.
La propriété a été acquise par le Docteur Bouillaud lorsqu’il est devenu député de la Charente entre 1842 et 1846. Son gendre le Docteur Ernest Aubertin a fait agrandir la maison en rajoutant deux ailes de part et d’autre du corps principal.
La Tour Saint Jean (bâtiment octogonal) : servait de puits et de réservoir d’eau, système hydraulique avec des canalisations reliant le corps de ferme à droite de la maison. A l’arrière du bâtiment au niveau des piliers il y avait des grandes cuves métalliques où l’eau était stockée.
Docteur Jean Baptiste Bouillaud, né le 16 septembre 1796, à Bragette, un village de la commune de Garat, près d’Angoulême et mort le 29 octobre 1881 à Paris, est un médecin français. Il identifia le rhumatisme articulaire aigu en lien avec les troubles cardiaques et fut le premier à localiser le centre du langage dans les lobes frontaux du cerveau.
La Pétillerie
La Pétillerie était une métairie noble dépendant de la seigneurie de Roullet. D’abord possédée par les Langallerie, seigneurs de Roullet, elle est acquise au XVIIème siècle par François de Nesmond, avocat au présidial et sa femme Françoise Terrasson. Le domaine passe ensuite à son fils Pierre de Nesmond qui épouse en 1661, Eléonore de Fayard. Devenue veuve, elle se remarie le 11 février 1667 à Jean Terrasson, écuyer, sieur de la Faye et lui apporte la Pétillerie qui va désormais rester très longtemps dans cette famille. Les bâtiments s’élèvent sur trois côtés d’une cour rectangulaire ; le logis en occupe le flanc nord. Ce corps de logis est cantonné de deux pavillons carrés couverts de toits en pyramide. La façade Nord est la moins remaniée. Les baies du premier étage sont couvertes en arc segmentaire et de petites ouvertures quadrangulaires, à bords chanfreinés éclairent au-dessus, l’étage à surcroît. Sur la façade Sud du bâtiment opposé au corps de logis, se trouve une bretèche percée d’une archère et surplombant une porte en plein cintre aujourd’hui murée.
Hôtel de Saint-Surin (en face de l’église).
Le corps du logis, caché derrière de hauts murs clôturant une modeste cour ; est formé de deux ailes en retour d’équerre. Une galerie à deux niveaux agrémente la façade. Au rez-de-chaussée, cinq arcades, pratiquement en plein cintre, soutiennent la galerie supérieure bordée de balustrade. Des colonnes monolithes, prenant appui sur les trumeaux de la balustrade situés au-dessus des piliers des arches inférieures, soutiennent la toiture. Cet ensemble peut être daté du XVIIème siècle. La façade arrière du bâtiment Ouest porte les traces du logis antérieur. Une belle porte surmontée d’une accolade est aujourd’hui murée, une autre, couverte en anse de panier a été transformée en fenêtre. A l’étage s’ouvrent des baies à appuis saillants moulurés.
Fontfroide
Le premier logis de Fontfroide remonte au XVème siècle. La légende en fait un des nombreux rendez-vous de chasse de François Ier. Le 28 août 1586, Pierre Gandillaud, écuyer, seigneur de Fontfroide, fournit le dénombrement de sa seigneurie de Fontfroide consistant en hôtel noble, fuie, garenne… En novembre 1661, Henry Gandillaud, chevalier, seigneur de Saint-Agnan, Fontfroide, Boisvert, La Ménarderie, demeure en sa maison seigneuriale de Fontfroide. Le 28 février 1679, François Lambert, écuyer, seigneur des Andreaux, et Catherine Castin, son épouse acquièrent la maison noble et le fief de Fontfroide pour 31 500 livres. Cette famille Lambert va conserver Fontfroide jusqu’à la Révolution. Pierre Lambert, signeur de Denat, rend hommage pour Fontfroide en mai 1775, au Comte d’Artois, apanagiste du Comté d’Angoulême. Fontfroide était, avant l’assèchement de l’étang de la Vélude dirigé par l’administration du Comte d’Artois, en bordure d’un important marais. Les bâtiments s’ordonnancent autour de deux cours que le corps de logis, construit suivant un axe Nord-Est/Sud-Ouest, sépare. A l’Ouest, un portail surmonté de merlons fantaisie moulurés, ouvre dans la première cour. Il est construit entre deux petits bâtiments bas, rectangulaires possédant des ouvertures chanfreinées. La petite porte en plein cintre et la porte cochère en arc surbaissé ont des chambranles moulurés. Une corniche court en partie haute sous le crénelage. Un cartouche, dont le motif central a été martelé est orné de rosaces et porte une légende en latin pouvant se traduire par : « Mon sort est entre les mains de Dieu ». En face de cette entrée, s’élève la façade Ouest du logis. Elle a été très modifiée et il est très difficile de faire la part du réel et du postiche. De la droite vers la gauche, on trouve successivement : un pavillon carré couvert d’une haute toiture, une travée à deux ouvertures, deux tourelles avec faux mâchicoulis et poivrière de béton encadrant l’entrée en anse de panier surmontée de créneaux fantaisie, une travée de deux ouvertures, une partie en avant-corps contenant l’escalier en vis et une dernière travée d’ouvertures. La façade à l’Est, sur l’autre cour, a été moins restaurée. La porte d’entrée, couverte en anse de panier, est cantonnée de deux pilastres sans décoration supportant un entablement droit mouluré surmonté de deux acrotères. Les baies du rez-de-chaussée sont simplement chanfreinées avec des appuis saillants. A l’étage, la baie au-dessus de la porte a ses chambranles décorés d’un appareil en bossage fouillé, deux autres possèdent des chambranles et des appuis saillants moulurés et avaient aussi un meneau qui a disparu. Les autres baies sont identiques à celles du rez-de-chaussée. Une tourelle en encorbellement flanque l’angle Nord-Est du logis. Elle est couverte en poivrière et éclairées par des oculi. L’extrémité Nord de la couverture d’ardoise, à deux pentes, s’appuie sur un mur pignon à crossettes. La distribution intérieure de ce logis est assez curieuse pour mériter d’être signalée. L’entrée actuelle se fait au niveau de la tour carrée renfermant l’escalier en vis. A partir de cet escalier, au rez-de-chaussée comme à l’étage, un couloir longeant la façade Ouest dessert toutes les pièces. Au niveau intérieur, les salles desservies sont toutes voûtées perpendiculairement à ce couloir où, un arc signale chaque séparation de pièce. Toutes les décorations de portes, de passages, sont d’inspiration néo-gothique, comme les pierres d’attentes laissées au-dessus des baies des deux tourelles de la façade ouest. Dans l’une des salles, on y remarque une immense cheminée, dans laquelle se voyait autrefois un tourne-broche de dimensions invraisemblables. Un portail, dans le goût du XVIIème siècle, ferme à l’Est la deuxième cour. Il est surmonté de merlons fantaisie couronnés alternativement de frontons triangulaires ou curvilignes. La petite porte, en plein cintre a son chambranle mouluré.
Au début du XXème siècle, le domaine de Fontfroide a également appartenu à la famille Guérin de Sossiondo. Aujourd’hui, il est la propriété de la famille Croisard.
Modalités de visite de la ferme : Sur rendez-vous
Les Andreaux
Le logis était fortifié et ses fondations datent du XVème siècle. Plusieurs meurtrières, avec le bouchon de pierre, ont été mises au jour lors de travaux effectués entre 1966 et 1967, ainsi que des cheminées datant du XVème siècle et des traces de fenêtres à meneaux. Dans le parc, des traces de fondation d’un mur attestent de la présence d’une ancienne enceinte. Le corps de logis a été profondément remodelé au début du XVIIIème siècle par la famille Lambert des Andreaux qui fait réaliser une très belle rampe d’escalier en fer forgé armoriée que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Les deux façades sont percées de trois niveaux d’ouvertures toutes couvertes en arc segmentaire à l’exception de la porte de l’Ouest. Trois plates-bandes courent au niveau des appuis des baies. Les portes sont surmontées d’entablements droits moulurés. Les Lambert des Andreaux étaient de riches marchands qui ont fait fortune dans le négoce au XVIème siècle et avaient installé de leurs membres dans des charges de la magistrature et acheté des fiefs dont ils prirent le nom. Les Andreaux devinrent rapidement une exploitation agricole moderne sous l’impulsion des politiques menées par le duc de Liancourt et Turgot. Les bâtiments de ferme furent établis en cour fermée derrière le logis. La distillerie fut construite en 1770. La propriété comporte trois feux et deux grands chais. On accède à la cour par un porche avec une grande porte et une petite, surmonté de merlons décoratifs.
Le mariage, en 1695, d’Achille de Terrasson avec Hippolyte Lambert fit passer la terre des Andreaux dans la famille de Terrasson de Montleau. En l’an XIII, le domaine des Andreaux est acquis par Alexandre René Gabriel de Terrasson de Montleau, ancien page de la chambre du roi Louis XVI, enseigne au régiment des gardes françaises en 1789, émigrés en 1790. Adjoint au maire de Saint-Estèphe en 1812, il en est le maire de 1815 à 1824. Il devient député de la Charente en 1824. Les Andreaux ont connu, à la fin du XXème siècle, une véritable renaissance sous l’impulsion de M. et Mme de Ménonville qui ont entrepris une importante restauration.
Le Maine Bompart
Le Maine Bompart (ou Beaupart), appartenait au début du XVIIème siècle à Jacques Catrix, petit-fils de Marie Bompart. Il est alors dénommé sieur de Barqueville, le Maine Charles, le Maine Bompart, le Maine Ladoux. Il a épousé Antoinette d’Ingrandes, dame de Flaville. En juillet 1648, Lambert, écuyer, est qualifié de sieur des Andeaux et du Maine Beaupart. Le 9 mai 1748, Pierre Lambert, écuyer, seigneur des Andreaux, Fonfroide et le Maine Bompart, rend hommage du lieu noble du Maine Bompart, relevant en arrière fief de Jean Louis Fé, écuyer, à cause de son fief et seigneurie de Barqueville. En 1781, 1782, lors de travaux précédent le dessèchement de l’Etang de Vélude, un litige apparaît au sujet des limites entre les terres de la seigneurie de Châteauneuf et celle « du terrain noble du Maine Bompart ». Un schéma des lieux est alors relevé et légendé. La lecture de cette légende nous donne l’étendue du domaine du Maine Bompart. « Mas appelé le Maine Bompart confrontant suivant les titres depuis la bonde de l‘étang suivant le chemin du bourg de Saint-Estèphe jusque la croix des Salmons, et de la dite croix suivant le long des terres tenues à rente de l’église dudit Saint-Estèphe jusques aux marais dudit étang et suivant iceux dits marais jusques à la queue dudit étang et continuant et suivant le bord du dudit étang jusques à la chaussée, première confrontation… » Les granges et bâtiments de la ferme ou métairie du Maine Bompart, sont aujourd’hui très défigurés. On a même du mal à y retrouver les ouvertures du XVIIIème siècle !