1816 : un accident fâcheux
Lors la session de 30 mars 1816, le maire annonce que la cloche vient de subir un accident fâcheux qui la rend hors d’état de servir en raison d’une fente considérable qui en traverse l’épaisseur ce qui lui a enlevé par conséquent le beau son qu’elle avait si nécessaire à une commune aussi étendue que celle-ci d’une circonférence d’un myriamètre et demi (trois lieues ordinaires). Il a pourvu à sa réédification en saisissant l’occasion que lui a présenté le sieur Cornevin, fondeur, qui s’est chargé de la refondre du même poids (15 quintaux) et des mêmes dimensions en y joutant de la matière que la refonte consomme, de la rendre bien sonore et de la placer au clocher suivant le marché qu’il a passé avec cet ouvrier le 24 du présent mois. A la charge de la commune de lui paye une somme de mille francs savoir six cents francs aussitôt l’implantation de la cloche et les 400francs restant un an après époque ou viendrait cesser la garantie que le fondeur accordé pour refondre la cloche si dans le courant de l’année elle venait à casser par défaut de perfection et à ses frais en dépenses.
Le maire a voulu constater l’état de la cloche qui a été fondue le samedi 15 juin dans la cour de la cure par le sieur Cornevin. Il résulte qu’elle est bien dans la même forme et dimension que la précédente. Elle porte les inscriptions suivantes : Mr Jean Paranteau Lameullière, maire de Roullet parrain, demoiselle Françoise Tiffon St Surin marraine. St Cybard patron de l’église paroissiale de Roullet fondue en juin 1816.
Autour sont inscrits les noms Cornevin et Petit fondeurs, aussi au côté opposé, Louis Constantin âgé de 10 ans et Marie Constantin âgée de 8 ans, un écusson de France représente les images de la vierge, St Cybard et un Christ. Le poids s’est trouvé être de 1406 livres anciennes, non compris le battant qui est le même. Elle a été baptisée le dimanche 23 juin 1916 par M. Louis Bonnefoy prêtre, prieur de Sireuil, jour que la commune célèbre la fête du mariage du Duc de Berry avec son altesse royale Caroline Bourbon petite fille du roi de Naples.
1844 : Refonte de la cloche après l’accident du 7 mai 1843
La Fabrique d’église est alors sans ressources et demande assistance au Conseil municipal. L’évènement qui nécessite la refonte de la cloche a eu lieu le 7 mai 1843 et il est le résultat de l’impré-voyance attendu que la clé de l’église a été confiée ce jour-là à des personnes étrangères au service du culte.
En effet, pour le Conseil municipal, il est très facile d’expliquer la cause de l’accident survenu à la cloche : il résulte clairement de la négligence du desservant qui s’étant absenté et ayant emmené avec lui son sacristain, a confié la clé de l’église à des personnes sans expérience. Il est de notoriété publique que cet accident a eu lieu le 7 mai à l’occasion du décès de la veuve Rousseau de la Raberie, arrivé ce jour-là, qu’il appartenait essentiellement au desservant d’en faire dresser un procès-verbal et de constater les circonstances qui pouvaient en faire connaître les auteurs et contrairement aux affirmations de conseil de fabrique, il est aussi de notoriété publique que la cloche n’était pas cassée avant.
Toutefois, le 4 février 1844, le Conseil municipal a reconnu que la refonte de la cloche est nécessaire aussi une somme de 300 francs est allouée pour cet objet avec invitation de l’adresser pour le payement du surplus de la dépense aux personnes qui par impudence auraient occasionnées l’accident.
La délibération du Conseil de Fabrique en date du 2 mars 1844 constate que les personnes présumées responsables ont été citées en conciliation devant le juge de Paix d’Angoulême du 1er canton. Il a été reconnu que l’accident ne pouvait leur être imputés et qu’il n’y avait pas lieu à leur demander de contribuer à la refonte de la cloche.
1955 : De nouvelles cloches
L’église de Roullet, bel édifie des XIème et XIIème siècles, possédait une cloche, une seule mais d’un poids raisonnable : 700 kg. Les habitants de la commune aimaient bien cette compagne des bons et des mauvais jours. Hélas, tout changea lorsqu’ils s’aperçurent que la cloche de leur l’église donnait un son bizarre, sur et sans résonance. Comme c’était l’hiver, certains alléguèrent la pluie ou le froid ; mais lorsque revinrent les beaux jours, il fallut se rendre à l’évidence ; la cloche était bel et bien fêlée : chaque mois elle s’écartait davantage du “fa”, note que les fondeurs Peguez et Gouyot lui avaient imposée en 1850. Quelle pitié de l’entendre les matins de grande fête ou les jours de mariage !
Monsieur le curé décida de la remplacer par deux nouvelles cloches. Il fit appel à la maison Bollée et lança une souscription à laquelle ses paroissiens se firent un devoir de répondre généreusement. La municipalité de son côté promit une large contribution. On descendit donc la vieille cloche, mais pourquoi taire ici des incidents pénibles ? C’était là un travail que n’avait pas prévu ceux qui remplacèrent l’ancien clocher carré foudroyé en 1872 par celui que nous connaissons avec son architecture tout autre. Comme la cloche ne pouvait pas passer entre deux colonnettes, les ouvriers décidèrent de la briser, et toute la matinée leurs coups de marteau répétés retentirent comme une plainte dans le coeur des gens.
Par délibération en date du 7 septembre 1955, le Conseil municipal autorise Monsieur le Maire à participer à l’acquisition des cloches et l’autorise à passer un marché de gré à gré avec le fondeur M. Bollée, (ancienne maison Louis Bollée et fils, fondée en 1715 et installée à Saint-Jean de Braye), près d’Orléans.
Dans sa délibération du 21 mars 1956, approuvée le 28 du même mois, le Conseil décide à l’unanimité de participer pour l’achat intégral des deux cloches et de laisser à Monsieur le curé de la paroisse les frais d’installation. La facture est payée par mandat le 29 mars 1956 pour un montant de 359 845 francs.
La bénédiction des cloches
Une bénédiction de cloches est un événement rare. Monsieur le Curé voulut les préparer par un triduum. Deux fois par jour, le P. Lambert expliquera au chrétiens le vrai sens de cette cérémonie et en leur parlant de cloches, leur rappellera leurs principaux devoirs.
Monsieur le curé, l’abbé Pierre Seveaud*, invite M. le Maire et le Conseil municipal à la bénédiction solennelle des cloches par son Excellence Monseigneur l’Evêque d’Angoulême, Jean-Baptiste Mégnin*, le dimanche 2 octobre 1955 à 3 heures (15 h).
Le déroulement de la cérémonie se fera ainsi :
1/ Le Conseil est invité à venir saluer son Excellence dans la cour du presbytère dès son arrivée,
2/ Des places seront réservées dans l’église,
3/ Après la cérémonie de la bénédiction de cloches les parrains et marraines offriront un vin d’honneur à son Excellence et au Conseil municipal,
4/ M. le Maire Maxime Réaud et son adjoint Fernand Boilevin sont invités au dîner offert par les parrains et les marraines
Ce jour-là fut pour Roullet une belle fête de famille. L’église est bondée lorsque Monseigneur fait son entrée, précédé d’un important cortège d’enfants de choeur et de prêtres. Parmi l’assistance, trois groupes attirent particulièrement son attention : au premier rang les parrains et marraines, autour de l’harmonium les enfants de la paroisse chantant de toute leur âme, enfin dans le choeur Monsieur le Maire et le Conseil municipal.
Après la lecture des psaumes, Monseigneur s’adresse à tous : les cloches qu’il va bénir, sonneront les grands instants de leur vie chrétienne. Leur voix est la voix même de Dieu et un appel constant à la fidélité.
L’évêque procède ensuite au lavage et à la consécration des cloches : tout le monde voudrait voir et le photographe qui opère sans cesse fixera sans doute sur pellicules des têtes penchées, des visages tendus, des yeux démesurément ronds. Chacun admire longuement les cloches dans leur robe de satin blanc : la plus imposante s’appelle Marie “Magnificat anima mea Dominum” ; elle pèse 521 kg et donne le “sol dièse” ayant pour marraine Mme Marie Boissinot et pour parrain Ernest Galopeau. La plus petite Marie Thérèse “Gloria Deo – Pax Christi omnibus” (297 kg) est vouée au “si”, elle a pour marraine Marie-Thérèse Vidal et pour parrain Jean Benay.
Le premier, Monseigneur, puis les parrains et marraines vont les obliger à sonner. Les assistantes défileront ensuite et recevront les traditionnelles dragées. Longtemps on les entendra tinter sur la route…
Les cloches sont maintenant confortablement installées dans le clocher. Les premiers jours, les habitants des villages voisins se sont arrêtés au milieu de leurs travaux pour les écouter.
Les cloches seront électrifiées par l’établissement Bodet de Trémentines (société fondée en 1865 dans le Maine-et-Loire) pour la somme de 320.000 anciens francs soit 3.200 nouveaux francs. Dans sa séance du 21 novembre 1960, le Conseil décide de participer aux frais d’électrification pour la somme de 500 nouveaux francs.
*L’abbé Pierre Seveaud est installé prêtre de la paroisse le 17 mars 1942 et Jean-Baptiste Mégnin sera évêque d’Angoulême du 7 décembre 1933 au 9 mai 1965.
Extrait de la semaine religieuse de 1955-1956 et des documents provenant des archives municipales de Roullet.